
Francesco Petrarca
Francesco Petrarca de Padoue à Arquà
Imaginons un homme qui a vu le monde, qui a dialogué avec les rois et les papes, qui a atteint le sommet de la gloire poétique en étant couronné sur la colline du Capitole. Cet homme, c'est Francesco Pétrarque qui, vers la fin de sa vie, choisit comme refuge un lieu de paix et de réflexion qui restera éternellement lié à sa mémoire : la province de Padoue, entre l'élégante cité de la Sainte et les douces pentes des collines euganéennes.Francesco Petrarca à Padoue
Padoue : un carrefour de connaissance et de protection
Le lien de Pétrarque avec Padoue n'a pas été extemporané, mais il a été reconfirmé à plusieurs moments de sa vie, surtout dans ses dernières années. La ville des Carraresi, seigneurs éclairés et amoureux des arts, offrit au poète un environnement stimulant et surtout sûr. Après les années turbulentes de la peste noire et les continuelles errances à travers l'Europe, Pétrarque trouva à Padoue un port, une "patrie" idéale pour se consacrer à ses études et à la révision de ses œuvres monumentales
Il ne s'agissait pas seulement d'une protection politique ; Padoue était à l'époque un centre culturel dynamique, avec l'une des universités les plus anciennes et les plus prestigieuses d'Europe. Pétrarque pouvait y fréquenter des savants, accéder à de riches bibliothèques et poursuivre son inlassable recherche de textes anciens, une obsession qui l'a accompagné tout au long de sa vie. Ses séjours à Padoue ne furent jamais statiques ; le poète voyagea, revint, repartit, mais la ville resta un point de référence constant, un lieu où ses idées et sa vaste culture trouvaient un terrain fertile.
En 1349, il reçut un canonicat au chapitre de la cathédrale de San Prosdocimo.
C'est le seigneur de Padoue, Jacopo II da Carrara, qui lui donna ce bénéfice ecclésiastique, qui comprenait un revenu annuel et la maison, dont une partie existe encore au 26/28 Via Dietro Duomo (aujourd'hui propriété du diocèse de Padoue et fermée aux visiteurs).
Au début de 1350, Padoue convoqua Pétrarque pour un moment de grande importance historique et religieuse : la translation solennelle des restes de Saint Antoine dans leur magnifique nouvelle demeure. La cérémonie est imposante, avec des présences illustres : le cardinal Guido de Boulogne, délégué du pape et témoin de la gratitude papale pour avoir échappé au danger de la peste noire, se joint à Jacopo da Carrara, l'évêque et le patriarche d'Aquilée. Mais le point culminant est atteint lorsque Pétrarque lui-même, dans un geste de profonde vénération, place de ses propres mains le menton du saint à l'intérieur d'un reliquaire de grande valeur artistique.
Francesco Pétrarque à Arquà
C'est à Arquà que Pétrarque se consacre avec un zèle particulier à la révision de son chef-d'œuvre, le Canzoniere, mais aussi à d'autres œuvres fondamentales telles que les Trionfi. La paix du lieu lui permit d'affiner son langage, de polir les vers, de les relire et de les corriger avec ce soin philologique qui fit de lui un précurseur des humanistes.
Pétrarque et le Testament
À Arquà, l'homme de lettres vivait avec sa famille, sa fille Francesca, sa petite-fille Eletta et son gendre Francescuolo da Brossano. Ce dernier devait être l'héritier de ses biens, à l'exception de certains qu'il céda à d'autres destinataires, comme l'indique son testament rédigé à Padoue en 1370. Par exemple, il céda 50 florins d'or de Florence à Boccace pour l'achat d'une robe d'hiver à porter pendant les heures d'étude et de méditation nocturne, son luth à Tommaso Bombasi "à condition qu'il en joue", et vingt ducats à son serviteur Pancalo, qui ne devaient pas être utilisés pour le jeu.
Pétrarque et le régime alimentaire
À la fin du mois de juin 1370, après qu'une syncope l'eut frappé au cours d'un voyage à Rome, l'obligeant à rebrousser chemin, son ami et médecin Giovanni Dondi lui envoya une lettre de conseils sur le régime alimentaire. Il lui donne notamment des instructions précises : ne plus manger de viande et de poisson conservés dans le sel, ni de légumes crus, abandonner l'habitude du jeûne, manger des fruits et boire de l'eau. La lettre originale de la réponse de Pétrarque à son ami est conservée dans la Biblioteca Antica del Seminario Vescovile di Padova, vous pouvez en voir la copie numérique ici.
Dès 1366/67, son copiste de confiance, Giovanni Malpaghini avait commencé à transcrire les poèmes vernaculaires de Pétrarque sur les fichiers qui contenaient la version définitive du Canzoni. Pétrarque lui-même s'y était alors consacré. Lorsque Pétrarque arriva à Arquà, le recueil comptait 300 textes, dont 230 dans la première partie et 70 dans la seconde. De temps en temps, dans les dernières années de sa vie, il sélectionnait les derniers poèmes à inclure parmi les nombreux qu'il avait écrits. C'est probablement à Arquà qu'il décida quelle devait être la composition finale du recueil et décida donc d'écrire ou de terminer la composition"Vergine bella, che, di sol vestita".Pétrarque avait déjà écrit quatre Triumphi, ceux de l'Amour, de la Chasteté, de la Mort et de la Renommée, sur lesquels il revint travailler pendant la période d'Arquà. Il travailla également à la collection des Senili, ses dernières lettres, en les séparant de la collection précédente des Familiari. En juillet 1374, il avait compilé une collection de 17 livres au total, avec l'ajout d'une lettre aux Posteri qu'il n'a pas pu transcrire en bonne et due forme avant sa mort. Ses amis padouans qui ont eu la tâche d'arranger ses papiers après sa mort, ne sachant pas trop quoi en faire, ne l'ont pas inclus dans la collection.
Portrait de Pétrarque
Dans la description de son apparence physique et de son état de santé, Pétrarque se décrit comme : "agile dans sa jeunesse, agréable mais pas beau, avec une vue perçante jusqu'à un âge avancé, et une excellente santé gâchée seulement par l'âge". Bien qu'il ait succombé à l'incontinence dans sa jeunesse, il est parvenu à la surmonter dans sa quarantaine. Son autoportrait décrit ensuite son caractère moral et ses expériences. Il méprisait la richesse et les banquets, mais appréciait la compagnie à table. Il avait un grand amour, Laura. Il se considérait comme humble, toujours prêt à pardonner les offenses et loyal dans ses amitiés. Les plus grands chagrins de la vieillesse sont les pertes d'amis. Bien qu'il ait fréquenté des gens importants, il a toujours gardé sa liberté. Son intelligence était équilibrée, pas aiguisée, et il se consacrait à des études honnêtes, avec une prédilection particulière pour la philosophie morale et la poésie.
Ultima lettera
Parce qu'il avait appris que son ami Boccace n'avait pas reçu toutes les lettres qu'il lui avait envoyées l'année précédente, Pétrarque lui envoya une copie de toutes les lettres qu'il n'avait pas reçues, avec une missive d'accompagnement : il s'agit de la dernière lettre écrite par le poète avant sa mort.
Décès
Le 18 juillet 1374, une de ses désormais fréquentes crises le frappa, et cette fois, peu après minuit, il s'éteignit. Les funérailles, qui eurent lieu le 24 juillet, se déroulèrent en présence de François l'Ancien de Carrare et d'un grand nombre d'ecclésiastiques.
La vie quotidienne à Arquà
La routine de Francesco Petrarca à Arquà était ponctuée par de longues heures de lecture et d'écriture, interrompues seulement par des promenades méditatives. On peut l'imaginer sortant de sa maison, située dans la partie haute du village, pour s'arrêter à la Loggia dei Vicari, où il participait aux conseils municipaux. Au son de la cloche, il entrait dans l'oratoire de la Sainte-Trinité pour une prière. Il pouvait ensuite descendre pour assister à la messe dans l'église Santa Maria Assunta, non sans avoir bu un peu d'eau à la source qui recueillait les eaux des ruisseaux euganéens au centre du village.
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